En marge d’un conférence de presse qui s’est tenue au siège de l’UNESCO ce 28 juin sis route de Ngor dans l’enceinte Hôtel Ngor Diarama, Dakar 3311 pour apporter un soutien institutionnel, humain et financier en réponse à l’initiative de l’association Culture Waw, le directeur national de la cinématographie Mr Hugues Diaz a procédé à une véritable introspection du cinéma sénégalais, tant sur les acquis, le recul ou encore les defis, en mettant un accent sur le legs de Ousmane Sembène. Interview.
SENALIOUNE.COM : Le monde de la culture a souvent été considéré comme les parents pauvres des régimes qui se sont succédés, qu’est ce qui motive aujourd’hui le soutien tant institutionnel, humain et financier de la direction de la cinématographie, le ministère et au plus large l’Etat du Sénégal à l’initiative de l’association Culture Waw.
HIGUES DIAZ : C’est un projet qui vise à faire circuler les productions cinématographiques qu’elles viennent du Sénégal de l’Afrique ou du monde entier mais qui a un volet économique très intéressant puisque permettant de toucher un des maillons de l’industrie cinématographique comme on dit la mamelle économique de l’industrie cela distribution et l’exploitation qui sont des maillons faibles de notre cinématographie.
Aujourd’hui il est clair que nous produisons assez de contenus audiovisuels mais le mal est que nous n’arrivons pas à les rentabiliser comme il se doit, n’arrivons pas à les à aux populations comme il faut.
Un tel projet qui touche six régions est une réponse à ce que l’Etat peut faire dans ce secteur pour permettre une distribution des droits liés à la production cinématographie et audiovisuelles mais surtout créer ce marché de nos films, créer cet amour que les populations sénégalaises avaient pour le cinéma avant la suppression ou la disparition des salles.
Il est heureux que ces six régions dont nous parlons n’ont pas de salles de cinéma, donc l’engagement du gouvernement du ministère de la culture va se faire à plusieurs niveaux avec un appui institutionnel, nous allons avec l’association Culture Waw qui est le porteur de ce projet les accompagner au près des autorités administratives des lundi nous serons dans la région sud pour impliquer les populations surtout les représentants des pouvoirs publics à savoir les Gouverneurs, les Préfets mais aussi les maires pour coller au projet pour une réussite de cette initiative qui je le rappelle est l’une des rares actions à être soutenue en Afrique par le FIDC ( fonds international pour la diversité culturelle Fidc, Ndlr ) qui se trouve être le répondant financier de l’UNESCO. Je pense qu’il faudrait que ce projet réussisse vu le bouillonnement qu’il y a dans le cinéma sénégalais.
Est-ce que à ce niveau vous avez eu à participer au financement de ce projet. Si oui à hauteur de combien ?
Je ne vais pas vous donner des chiffres nous allons participer juste puisque c’est projet instruit par le Fopica ( fonds pour la promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle, mais rien que l’adhésion des centres cinématographiques régionaux sous tutelle du ministère de la culture est déjà une participation assez importante.
Conseillère bureau régional UNESCO Dakar
Nous allons soutenir ce projet parce qu’il faudrait qu’il puisse trouver son ancrage bien chez nous et pousser les autres pays de la sous-région à venir s’en inspirer. En tout cas nous allons mettre ce qu’il faut, les moyens humains, institutionnels et financiers.
Le Sénégal était jadis, pouvait-on dire, la capitale du cinéma ouest-africain mais avec la disparition de Ousmane Sembène, est-ce que vous pensez que la vulgarisation du cinéma sénégalais n’a pas pris au profit des autres pays africains, pensez-vous que la vision de ce grand cinéaste a été très véritablement perpétuée ?
C’est vrai que nous avez raison de dire qu’à une certaine époque le Sénégal était une référence c’était par rapport si c’est vrai à ces hommes notamment Ousmane Sembène qui est considéré comme le père du cinéma africain par la qualité de ses films qui sont aujourd’hui et toujours actuels. C’est vrai qu’il y a des efforts qui se font, le 9 juin déjà dernier des initiatives ont eu droit de cité, avec l’initiative de Thies, Daaray Sembène qui est appuyé par l’État, des professionnels comme des professeurs qui sont à la fois dans des universités sénégalaises et américaines qui perpétuent ce legs.
L’État avait lancé un appel au près de la famille biologique de Sembène c’était pour dire à l’occasion d’un conseil de ministre que le chef de l’État avait pris la décision de sauvegarder le patrimoine cinématographique et immobilier de Ousmane Sembène. Ça veut dire que c’est tous ses films qui doivent être aujourd’hui protégés malheureusement un certain nombre de ses droits, droits de diffusion, droits d’exploitation ne sont pas entre les mains des sénégalais, c’est des maisons de distribution autant pour moi américaines ou sud-américaines qui détiennent ses droits, aujourd’hui notre bataille c’est d’acquérir ses droits de diffusion non commerciaux pour permettre à l’ensemble des communautés africaines à avoir accès aux productions de Sembène Ousmane.
Vous le faîtes juste pour honorer une mémoire ou bien ceci a une noblesse, une pertinence qui mériterait l’effort d’être consenti ?
Ça c’est par rapport à la visibilité et à la connaissance. Et là, nous sommes entrain de faire des efforts pour que l’œuvre cinématographique de Ousmane Sembène soit vue par la majorité des personnes. Sur le plan patrimonial c’est une horreur lorsqu’on va tout juste à côté du domicile de Sembène Ousmane entrain d’être ravagé par l’érosion maritime. Le président Macky Sall et nous sommes entrain de faire des démarches pour que sa maison puisse être un musée ou un centre qui permettrait de rendre vivace la pensée de Ousmane Sembène, et surtout un lieu de mémoire pour la communauté internationale.
Nous attendons la famille de décider comme cela avait été le cas de la maison du président Léopold Sedar Senghor lorsqu’il a fallu transformer sa villa en musée. Nous sommes allés plus loin jusqu’à Ziguinchor l’année dernière en décembre avec l’Université Assane Seck. La communauté du quartier Santiaba où se trouve sa famille que nous avons convaincue quelques membres de la famille qui ont accepté de nous laisser cette maison pour en faire non pas un musée mais un centre d’animation. Pas un musée parce que des fois si on parle de musée au Sénégal il y a pas de vie. Mais un centre d’animation pousserait les jeunes de venir s’imprégner des valeurs telles que défendues par Sembène Ousmane, donc il y a des efforts. Donc ici aussi nous attendons le feedback de la famille pour apporter notre contribution.
Nous ne serons ne seront pas les seuls parce qu’il y a la communauté internationale qui mobilisée partout dans le monde. La presse parle des prix Ousmane Sembène au Maroc, au Fespaco, ici aussi nous allons instituer cela. Je pense aussi saluer que le premier complexe cinématographique qui ait été fait par un privé porte le nom de Ousmane Sembène. C’est parce que nous aussi nous avons contribué à cela en conseillant cet entrepreneur pour lui dire effectivement en quoi Sembène Ousmane peut être une référence en cela. Je pense qu’aujourd’hui ça porte bien un tant soit peu l’image de cet homme qui a tout donné pour le cinéma sénégalais et africain.
Donc des efforts sont faits par-ci par-là. Nous comptons sur des conjonctions d’efforts et d’actions pour arriver à perpétuer vraiment l’œuvre de Sembène et son patrimoine à bien le conserver.
Propos recueillis par Ibrahima Diallo