Le Rénovateur Quotidien – L’opposition mauritanienne est aujourd’hui désarmée face à un pouvoir dirigé d’une main de fer par le président Mohamed Ould Abdel Aziz qui gère le pays depuis près de dix ans.
Venu à la faveur d’un coup d’état baptisé « mouvement de rectification » il égrène un deuxième quinquennat qui doit s’achever en 2019 comme le fut le premier : en pointillés … L’opposition radicale continue, armes inégales son combat pour tenter de lui barrer le chemin, lui qui prétend « n’ être pas fait pour échouer dans sa vie » !
Mais le chemin de la victoire ne semble pas se dessiner encore à une année d’une présidentielle pleine d’incertitudes pour l’avenir démocratique d’un pays ayant connu une dizaine de coups d’état réussis ou ratés. Le calme apparent de la grande muette n’est pas toujours un gage d’espoir pour la stabilité des institutions démocratiques malgré la criminalisation des coups d’état par la constitution.
La Mauritanie qui a beaucoup souffert de l’ingérence de l’armée dans les affaires politiques continue d’être l’otage de hauts dignitaires galonnés dont l’influence pèse sur les événements politiques. Tant qu’un président est dans les bonnes grâces des « gardiens du temple », sa sécurité est assurée. En démocratie l’armée doit non seulement regagner les casernes, elle doit surtout s’affranchir de la chose politique.
Le forum de l’opposition démocratique unie sous le label du FNDU n’est pas elle aussi à l’abri de cette tentation d’aligner un militaire à la retraite durant les prochaines échéances présidentielles. Le nom de feu Ely Ould Mohamed Vall revenait avant sa disparition sur la liste des potentiels candidats que le forum de l’opposition pourrait présenter en 2019. Un autre joker serait au programme. Qui sera-t-il ?
Les vieux leaders charismatiques seront frappés par la limite d’âge et les plus jeunes attendent leur tour pendant que dans les sphères de la majorité c’est encore le Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui tient la situation en main. Aucun prétendant n’ose lever le doigt pour exprimer ses ambitions à briguer la magistrature suprême. Au sein de son parti, l’UPR ainsi que dans les rangs des députés de la majorité qui lui sont restés fidèles, l’ordre du jour n’est pas de chercher un successeur au président mais de rassembler des signatures pour un « troisième plébiscite ».
Déstructurée à l’extérieur, l’opposition mauritanienne n’en est pas au meilleur de sa forme à l’intérieur pour faire bouger les lignes politiques. Nos « Donald Trump » ne caressent pas le moindre rêve de se jeter dans la bataille au risque de se voir trainés en justice. En l’absence d’une société civile organisée et vaillante, d’activistes irascibles, seul ce qui reste de la presse privée continue à faire contrepoids à un pouvoir qui se perd dans les dédales d’une démocratie de plus en plus conspuée.
Dès lors où aller aux élections n’a pas d’enjeux véritables pour une opposition disqualifiée par des urnes taillées sur mesure. Après les échecs répétés des acteurs politiques à engager un dialogue inclusif pour assainir la situation politique le processus démocratique se lézarde, mettant en permanence l’opposition en position de déroute, la majorité dans l’oisiveté et le peuple en latence…
CTD