Au Sénégal, comme dans toute la sous-région, les autorités tentent de freiner les mariages forcés. Une fille sur trois se marie pourtant avant l’âge de 16 ans. La loi est néanmoins claire : « Le mariage forcé est interdit et personne ne doit donner son enfant en mariage en usant de la force ou en le menaçant. » Une loi qui est loin d’être respectée.
Votre site d’information préféré Senalioune.com a essayé de voir le phénomène sous plusieurs angles. Même si les chiffres officiels font froid dans le dos les investigations de proximité que nous avons menées ces dernières semaines nous ont révélé un certain nombre de facteurs tout aussi édifiants.
Les mariages forcés concernent les deux sexes. Il faut sortir la question dans la bouche des sociologues de salon, des chercheurs ou encore des anthropologues des airs conditionnés.
« Le débat est mal posé quand on dit mariage forcé les gens pensent automatiquement aux jeunes filles pubertes, pourquoi parce que tout simplement on leur a fait croire que c’est un phénomène regrettablement mysosine, alors que des garçons sont également des grands concernés de ce fléau qu’on prête à confusion ou sciemment aux demoiselles fraîchement sevrées », prévient Abdoulaye Baldé agent de développement communautaire.
Aujourd’hui dans toutes les questions sociales pour espérer toucher aux sensibilités des populations à grande échelle, dans les vidéos comme dans les rapports gouvernementaux, des ONG ou encore des associations dites caritatives, le ton comme le verbe sont les mêmes : les mariages précoces et forcés ne nuisent exclusivement qu’à la santé physique et physiologique de la jeune fille. Pour encore combien de temps.
Il faut tenir compte d’un certain nombre de facteurs et se remettre en cause. Chez les hal poular comme dans la plupart communautés linguistiques africaines, les couples se forment jeunes ça, c’est incontestable. En milieu rural la malnutrition est une réalité en plus que les plus jeunes sont victime traditionnellement de ségrégation alimentaire qui ne dit pas si son nom. Une discrimination du genre : « un enfant ne doit pas s’habituer aux mets festifs assez gras. »
Les couples jeunes sont très vulnérables de nos jours. La raison est simple : « Maintenant les mariages sont ficelés en campagne mais sont consommés en ville, monsieur ne veut pas désobéir maman et papa il va donc prendre épouse au village, car les filles civilisées des agglomérations ne sont pas dociles, et mademoiselle de son a hâte de découvrir les belles avenues de Dakar, une fois en ville monsieur constate beaucoup d’imperfections chez mademoiselle et n’hésite pas à la moindre occasion à la lui jeter à la figure, aussitôt le couple entame de longs épisodes des scènes de ménages, le divorce s’impose inévitablement », nous fait remarquer Amadou Mbengue, un juriste et observateur attentif des communautés linguistiques sénégalaises.
En ville les filles comme les garçons sont précoces car ils sont bien alimentés tout le contraire aux enfants vivant dans communautés rurales. En ville ils sont émancipés et ont une certaine liberté de ton face aux aînés. Ils sont souvent les principales occupations des parents. Si ils vivent dans la précarité ils ont toutefois des fréquentations mieux loties.
Tout le contraire chez leurs camarades d’âge en campagne qui, eux, n’ont accès à rien leur permettant de se préparer à la rencontre future du monde citadin.
Et tant qu’ils obéissent à papa ou à maman ils sont vus comme des progénitures modèles par les sages, ils n’ont pas le droit de décision. Ils obéissent aveuglément pour espérer la baraka des parents ou des sages. Autre réalité, beaucoup de prostituées et petits dealers en ville naissent et grandissent à la campagne.
« Quand on dit sous alimentation soit la personne est obèse ou alors très squelettique. Donc à supposer une fille qui fait 18 ans si elle est chétive peu développée, d’une croissance assez lente elle ne va pas faire forcément son âge. Le lit conjugal pour elle à cet âge fera commenter plus d’un que son ménage est un mariage forcé », constate Fatou Kébé, une matronne traditionnelle.
Tout le monde est unanime que les mariages forcés sont une réalité en Afrique mais le phénomène a existé dans toutes les sociétés humaines.
Toutefois le débat doit être posé avec acuité ainsi. Essayer d’avoir une vue beaucoup plus globale de cette problématique que les angles sous lesquels ce présent article. Tant bien que la sexualité ne fait toujours objet de débat des dîners en ville. À plus forte raison en milieu rural.