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Mauritanie : La publicité, un secteur en lambeau non maitrisé

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La croissance de l’activité publicitaire en Mauritanie s’est opérée en l’absence d’un code de publicité régissant ce secteur. En effet, l’exercice du secteur de publicité dans le pays ne répond à aucune logique du fait du vide juridique qui l’entoure. L’éthique de la profession est violée, les tarifs de contrats de publicité répondent rarement à des critères objectifs d’audience et de crédibilité du média, les quotas accordés aux écrans de publicité commerciale et politique sont laissés aux caprices des services commerciaux qui ont souvent tendance à céder aux tentations du marché au détriment des règles professionnelles.

L’affichage et les panneaux publicitaires en ville reflètent un état déplorable de désordre et de confusion. Les règles de l’art sont bafouées et la forme du support publicitaire n’évoque aucun gout de l’esthétique. Le contenu du message véhiculé, souvent trivial et sans attrait du fait du déficit notoire de qualification dont souffre la majorité du personnel chargé de la production des supports publicitaires.
La question pertinente qu’on peut valablement se poser est de savoir pourquoi l’Etat a trainé les pas pour assainir ce secteur ?

C’est le mardi 9 janvier 2018 seulement que le projet de loi relative à la publicité a été examiné par le Parlement mauritanien. Est-ce fait exprès à quelques encablures des élections municipales, législatives et régionales qui se pointent à l’horizon pour alimenter quelques brebis galleuses qui pullulent l’espace médiatique ?

En tout, le gouvernement entend engager ces réformes qui dit-il traduit la volonté politique de répondre aux exigences du développement des médias et de renforcer la liberté de la presse et le pluralisme de l’information et de l’expression.

A cet effet, un cadre juridique adéquat a été mis en place comprenant notamment la loi relative à la communication audiovisuelle, la loi portant création et organisation de la HAPA et celle instituant l’aide publique à la presse privée et la loi dépénalisant les délits de presse.

Toutefois, cette réforme ne saurait donner au secteur son véritable élan, que lorsque la filière de la publicité, indispensable à la relance de notre économie de marché et vitale pour les médias qui en tirent la majeure partie de leurs ressources sera organisée, réglementée et développée. Au-delà de son apport aux médias, la promotion de la communication publicitaire est un levier économique très important à l’échelle nationale et internationale, car elle augmente les échanges et accélère l’écoulement des produits et des services. Pourvu qu’elle soit maitrisée, la communication publicitaire peut également promouvoir le rayonnement et l’image d’un pays, d’une institution publique ou privée, d’une stratégie ou d’une politique de développement, etc.…

Il est aujourd’hui établi qu’elle constitue la condition sine-qua –non de tout développement durable.

Seulement, il faut veiller aux mécanismes essentiels à la régulation du secteur publicitaire par une instance régulatrice dont la création est indispensable à un arbitrage équitable et transparent du fonctionnement et du développement de ce secteur socio-économique transversal, qui assure l’équilibre entre les intérêts de ses différents acteurs , en protégeant les droits des individus et des groupes et en prévenant les pratiques abusives et les situations conflictuelles.