Le modèle de l’enseignement du français en vigueur dans les pays de l’ex-AOF (l’Afrique Occidentale d’expression Française), l’enseignement en Mauritanie allait se rapprocher peu à peu de son milieu et connaître une série de réformes dont deux méritent en réalité cette appellation : la réforme de 1973 qui a abouti à l’arabisation quasi entière du système éducatif mauritanien au début des années 90 (+ de 94% des effectifs sont inscrits dans la filière arabe) et la réforme de 1999, actuellement en cours, et que beaucoup d’observateurs présentent comme un changement vers le retour au français qui devient d’ailleurs, à la faveur de cette réforme, la langue d’enseignement pour les matières scientifiques : mathématiques, sciences naturelles et physique et chimie.
Avant la réforme de 1973, le français était enseigné comme une langue « maternelle », une langue officielle et une langue d’enseignement. Les manuels, les programmes, les diplômes étaient identiques au modèle français. L’arabe et l’enseignement originel étaient marginalisés, coupés de l’administration et ne jouaient aucun rôle utilitaire. A partir de la fin des années 60 et au début des années 70, un rapprochement entre la Mauritanie et le monde arabe allait s’opérer, favorisé par un nationalisme exacerbé sous l’effet de la révision des relations de coopération avec la France (ancienne puissance coloniale), la création d’une monnaie nationale et la nationalisation de la MIFERMA (société d’exploitation des mines de fer dominée par des intérêts français).
La réforme de 1973 fut instaurée et devint une réforme fondamentalement linguistique mais où les soucis idéologiques généraux (« retour à l’authenticité et aux valeurs islamiques »…) prendront le pas sur les aspects purement techniques. Au niveau écologique, un bouleversement de la répartition spatiale de la population, traditionnellement nomade (+ de 65%), et son redéploiement dans les grands centres urbains du nord du pays vont favoriser l’intensification de l’enseignement de l’arabe.
L’arabisation du système scolaire, amorcée à partir de 1971 était le fruit d’une revendication encadrée par des fils de lettrés traditionnels, ruinés par la sécheresse et à la recherche d’emplois urbains jusque-là quasi monopolisés par les « francisant » issus de l’appareil éducatif hérité de la colonisation). Après ce bref historique par Ould Cheikh, en 1995, nous assistons à une détérioration manifeste du système éducatif.
Cette absence notoire d’une volonté politique, la vente des écoles pour en faire des édifices commerciaux font que nous nous acheminons vers une mort du système éducatif en Mauritanie qui est le socle de tout développement.
Les écoles publiques sont laissées à elles-mêmes, absence d’enseignants, des classes pléthoriques, des manuels scolaires inexistant font que des parents peinent à joindre les deux bouts. A l’intérieur du pays, c’est le même constat. Par exemple à l’école de Tékane créée en 1957 qui a fait naitre beaucoup de cadres de l’administration mauritanienne, on note un manque cruel d’enseignants ( fondamental, collège, lycée) et les autorités régionales ne font rien pour y remédier. Malgré la dévotion des parents d’élèves et une association dénommée ATJA (Association des Jeunes de Tekane pour l’Action, voire photo) qui usent de tous les moyens pour atténuer les souffrances des ces populations.
Le silence complice des cadres et des ressortissants du village qui ont bénéficié d’une bonne éducation mais il n’ya pas un retour de l’ascendeur.
Ces enfants seront forcés à abandonner l’école au moment où le gouvernement chante partout que l’éducation est une priorité. Si l’éducation est un droit, le gouvernent ne respecte pas ses engagements.
Aujourd’hui pour apprendre, il faut avoir les moyens. Certains pays africains sont dirigés de telle sorte que la clé de la promotion, c’est soit par les privilèges liés à la naissance, soit c’est par compromis politique. Une société qui ne pense pas s’enfonce dans la décadence.