L’entêtement du pouvoir à travers ce jusqu’au boutisme ne présage rien de bon. Il se passe dans un contexte de violation flagrante de la loi fondamentale du pays, alors que la procédure constitutionnelle, sur tout référendum, qu’il soit inspiré par le Président de la République ou le Parlement, est balisée par des articles précis (99, 100 & 101). Il va sans dire, que le référendum que l’on a tenté difficilement d’organiser a été frappé de nullité juridique.
Ce combat du FNDU dépasse la séquence technique et temporelle d’un scrutin que le pouvoir a manipulé à sa guise. A dire vrai, le référendum a échoué. Le combat du FNDU consiste à prolonger sa lente agonie.
La réforme constitutionnelle est mauvaise dans son principe. Incontestablement, il y a matière à débattre sur certaines de nos institutions et de nos dispositions constitutionnelles. Mais le Chef de l’Etat avait tout le loisir d’accomplir ces réformes durant son premier mandat. Quel extraordinaire gâchis!
En janvier 2012, il y’avait certainement la nécessité d’un dialogue renforcé, estimant que celui de septembre-octobre 2011 était insuffisant et faiblement consensuel. L’opposition a été plus écoutée, qu’entendue !
Il est cependant clair que cette réforme tardive, voulue par un pouvoir en fin de mandat, est issue d’un dialogue non consensuel et qui n’avait d’autre vocation qu’à servir de faire-valoir aux tentatives de triturer la constitution à des fins non avouables. Mais l’essentiel est ailleurs : Il réside dans le fait que lesdites réformes constitutionnelles n’ont fait l’objet d’aucun débat sérieux, profond et motivé.
On a agité les Conseils régionaux comme « un machin », un attrape-nigaud pour des sénateurs qui n’ont pas mordu à l’hameçon. C’est une supercherie que de présenter les Conseils régionaux comme un substitut au Sénat alors qu’il s’agit là d’institutions n’ayant pas les mêmes vocations, les mêmes attributions, les mêmes missions ! Qui peut dire aujourd’hui quels sont les territoires sur lesquels va s’exercer l’autorité de ces fameux conseils régionaux ? Quels seront leurs domaines de compétences et leurs ressources ? Quels rapports, quelle efficacité, vont-ils tenir de l’Etat et des communes ? On nage dans le cosmétique !
On pourrait en dire autant de l’hymne national. Autant il est légitime de s’interroger sur la valeur d’un hymne que nos enfants et peut-être nous-mêmes, ne pouvons pas chanter ensemble, autant il faut nous dire quel hymne on veut mettre à la place ? Sera-t-il simplement instrumental, c’est-à-dire musical ou composé de chanson ? Un hymne avec quel contenu et pour quelles langues dans un pays multiculturel et qui a du mal à assumer tous ses héritages ?
On pourrait multiplier les exemples à loisir ! Ce qui inquiète le FNDU, c’est le contexte d’un référendum non consensuel, illégal dans sa tournure actuelle, opaque dans sa finalité et finalement sans avenir. Dans une période de crise aigüe telle que celle que nous vivons, avec une économie en berne et une croissance plombée, le coût d’un tel référendum est exorbitant pour nos maigres ressources, en tout cas, cinq fois plus élevé que le budget annuel d’un Sénat supprimé au nom d’un principe de rationalité !
IL est clair que l’opposition est dans son rôle d’alerte, de dénonciation des dérives du pouvoir dans sa gestion des deniers publics. En tout cas, si on en juge par les scandales à répétition, les marchés de gré-à-gré et les délits d’initiés dans les appels d’offres, on peut dire que cette opposition prêche dans le désert. Cette situation n’est pas sans rappeler celle des années 80, avec les politiques d’ajustement structurel ; et sous couvert d’une privatisation de l’économie, on s’était livré à un bradage des sociétés publiques! Aujourd’hui une seconde forme de privatisation de notre économie. Les derniers lambeaux du domaine public de l’Etat, dont l’aliénation des écoles publiques n’en constitue que l’illustration symbolique et caricaturale, tombent dans l’escarcelle du privé.
Pendant ce temps, le peuple des pauvres trinque et se demande où est passé « le Président des pauvres » ? Mais ces erreurs, ces fautes de gestion, se payent cash. Alors que la croissance économique moyenne en Afrique est de 5-6%, la nôtre tend à devenir nulle, voire négative. Si par le passé, le défi du pays résidait dans la mauvaise répartition de nos richesses, aujourd’hui cette richesse s’est volatilisée, au profit d’une petite coterie, laissant même les anciens riches en voie de paupérisation. Ne parlons pas des éternels exclus !
Seul un dialogue franc peut sauver la Mauritanie! Mais, pour dialoguer, il faut au moins être deux… le pouvoir fait l’option du pire. Les attitudes observées du pouvoir depuis le fameux « dialogue » de septembre 2016 indiquent bien que les calculs du Chef de l’Etat sont ailleurs. Alors que nous étions tout près du but, à savoir le dialogue avec le FNDU, le pouvoir et ses faucons avaient pris la tangente. Le chef de l’Etat, en son temps, avait fait cette malheureuse sortie intervenue dans un contexte de sourde colère, au lendemain d’un camouflet infligé par le Sénat sur la question du référendum.
En tout état de cause, le FNDU continue de confirmer sa disponibilité au dialogue. Ce dialogue est plus qu’une nécessité pour abréger les souffrances du peuple mauritanien et pour définir ensemble les règles du jeu démocratique.