PRÉSIDENT MACKY SALL : ATTENTION AUX PRÉMISSES D’UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE SENEGALAISE HEURTÉE
Dans une société, comme la nôtre lorsque les institutions sont faibles, ou affaiblies le président de la République se positionne en maitre du jeu, avec un pouvoir de décision, et d’appréciation insoupçonnés. Dans une telle configuration, toute autorité détenant le pouvoir d’accepter, d’autoriser ou de tolérer, ne le fait que s’il y trouve son propre intérêt.
Les évènement d’hier (4 septembre 2018) permettent de penser, et de dire Macky Sall s’inscrit dans une logique de confiscation du pouvoir, par tout moyen, donc l’opposition politique est avertie. La répression de la manifestation pacifique d’hier par son ministre de l’intérieur Aly Ngouille Ndiaye, en est la patente illustration. Puisque, l’usage, ou l’utilisation de la puissance étatique sans mesure, sans discernement, et de manière non proportionnée, est un moyen de conservation du pouvoir par la peur, et par la force.
C’est désolant, et c’est affligeant de voir, ou plutôt de revoir le président de la République piétiner allègrement notre démocratie, et l’État de droit en privant les citoyens d’un droit constitutionnellement reconnu, à savoir celui de manifester. Pourtant, l’exercice d’un droit est consubstantiel à la liberté de l’individu, autrement, la liberté est un droit qui ne se négocie pas. Pareillement, la démocratie ne peut se satisfaire d’être purement théorique, ou singulièrement minorée. Ainsi, droit, liberté et démocratie ne peuvent être laissés à l’appréciation, ou au bon vouloir d’une autre personne, en l’espèce Macky Sall.
Macky Sall a une conception philosophique, de la pratique du pouvoir basée spécifiquement sur la confrontation, l’unilatéralité des décisions, et le mépris de ses adversaires politiques, une analyse rétrospective de ses faits et gestes, à la tête de l’État tend à confirmer cela. Le rapport de force est un élément majeur dans la galaxie « mackyenne », et les agissements de ses suppôts, durant le sit-in de l’opposition (le 4 septembre 2018), montrent une fois encore, sa détermination à ne laisser une once de liberté à ses opposants.
Au-delà des preuves de la négation flagrante des droits de l’opposition politique, son comportement démontre à l’opinion, qu’il s’inscrit dans une logique, et dynamique d’accaparement du pouvoir. Ce qui laisse augurer un climat tendu, voire très heurté d’ici les élections présidentielles de 2019, sauf revirement, ou assouplissement de sa méthode dans la gestion de ses rapports avec ses opposants.
Ainsi, le sabotage à sa manière, avec cette râpe de leaders politiques à la manifestation autorise à penser, que la confiscation du pouvoir, en neutralisant par tout moyen tout adversaire politique, sera un élément fondamental pour se faire réélire en 2019. Donc, l’opposition est prévenue, faire partir Macky Sall ne sera pas aisé, et sans une réelle détermination à engager le combat contre lui (au sens large), minces seront les espoirs d’y parvenir.
A compter de maintenant, un dilemme va se poser à l’opposition à savoir abdiquer, et laisser Macky Sall décider de tout, ce qui implique la signature de son arrêté de mort. Ou résister avec les risques subséquents de sérieux troubles déstabilisant le pays, et in fine le contraindre à respecter les règles démocratiques, ou inscrire le pays dans un chaos, si toutefois il refusait d’entendre raison.
Aujourd’hui, les tenants d’un discours pacificateur, ou ceux qui pensent aller aux élections, dans un climat politique et social sereins s’inscrivent dans un utopisme inexplicable. Pourtant, il faut reconnaitre, croire à cette éventualité, c’est accepter les conditions d’une défaite très probable en préparation ; dont les pièces du puzzle du scénario de la victoire s’écrivent, et se répètent avec notre approbation et/ou complicité.
Macky Sall dans son subconscient pense que l’opposition politique non seulement est inexistante, mais encore, n’est pas aussi déterminée à combattre, et à occuper l’espace de terrain qui lui revient. Et d’ailleurs ce vide laissé, semble lui avoir redonné plus d’assurance, et l’a conforté dans l’absolutisme de son pouvoir. Pour causes, après avoir fait exiler Karim Wade, elle (l’opposition) avait eu une réaction timorée. Et après qu’il eut condamné, et enfermé Khalifa Sall par ses juges, l’opposition n’a pas réagi à la hauteur de l’affront. Peut-être l’attitude de l’opposition est trompeuse, mais l’analyse des faits penche vers l’inaction, ou l’absence de riposte.
A moins de six mois des élections présidentielles, selon moi, les évènements d’hier donnent au président Idrissa Seck l’occasion de s’imposer, et de s’affirmer en posant de manière nette ses empreintes, de leader de l’opposition. Puisque, un leadership ne se donne pas, et ne se décrète pas, mais découle d’un ensemble de faits, et d’actes, ponctués par une présence, ou une prestance reconnue, ou à faire reconnaitre, pour faire adhérer les autres autour de soi.
Au risque de me tromper, rares seront les leaders politiques qui viendront se ranger sans raison derrière lui (Idrissa Seck), mais la réalité les y contraindra. Encore faut-il qu’il dessine les contours de cette adhésion, dont le premier acte sera de le faire reconnaitre comme le seul adversaire crédible, audible, et de taille à pouvoir faire face à Macky Sall, et le vaincre en 2019. Pour cela, il devra, sans délai, imprimer dans les esprits (du public et des politiques) la dualité des candidatures, ou des candidats (Macky Sall et lui), et surtout œuvrer à la concrétisation, ou à la pérennisation de cette donne sur le terrain.
Daouda Ndjaye
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