Les manœuvres visant la redynamisation de l’Union Pour la République, principal parti de la majorité présidentielle se sont achevées ce lundi (5 mars). Lancée par son fondateur, le président de la République, Mohamed ould Abdel Aziz, le processus doit conduire à une campagne de réimplantation ; autrement dit : renouvellement des structures du parti, de la base au sommet. Et, selon diverses rumeurs, tout le travail effectué par la commission de redynamisation, jusqu’au congrès extraordinaire du 5 Mars, doit aboutir à un certain nombre de décisions, comme la réduction du nombre des membres du conseil national et du bureau exécutif.
Comme on le sait, il s’agit d’instances importantes du parti, marquées actuellement par la pléthore de leurs membres, cooptés selon des règles de complaisance et de proximité. Sans quasiment aucun critère objectif. Nos sources laissent entendre qu’il en sera fait table rase, pour céder la place à des élections, à tous les niveaux de représentativité. Une première pour ce grand parti qui pourrait offrir crédibilité à ses structures. Selon un député, si cette option est retenue, l’UPR ne s’en sortira que ‘’grandi et renforcé’’. Espérons que le souhait de notre député – très certainement celui de beaucoup d’autres membres de ce parti – ne sera pas exaucé. Depuis sa fondation et pas plus que le défunt PRDS, le parti-État n’a jamais pu ou su faire élire ses instances. Tous sont cooptés, voire imposées.
Avec pour conséquences, des querelles de tendances minant l’ensemble. Les missions de désignation de candidats à des élections ont toujours fini en foire d’empoignes. Tentant de mettre de l’ordre dans cette mare, l’UPR avança des critères, pour le choix de ses candidats à la mairie et à la députation. Les premiers devraient être titulaires d’au moins le BEPC, les seconds, du baccalauréat. La décision souleva grand tollé, pour ne pas dire vagues, au sein, surtout, des notabilités, avant d’être renvoyée aux calendes grecques.
Résultat, on aura enregistré la législature la plus médiocre de l’ère démocratique du pays. Des maires et députés analphabètes, ignorant tout de leur mission. Espérons qu’Ould Abdel Aziz reviendra sur cette décision, si tant est qu’il veuille réellement crédibiliser son parti.
Les paris sont ouverts, Ghazwani à 2 contre 1 ?
Il semble accorder, en tout cas, de l’importance aux échéances électorales en vue, quand bien même ne se présentera-t-il pas en 2019. Depuis sa récente sortie dans le magazine Jeune Afrique où il réaffirme de pas vouloir un troisième mandat et qu’il soutiendra un candidat à sa succession, une espèce de désarroi s’est emparée de la classe politique du pays.
On se tâte. Côté pouvoir, certains s’obstinent à pousser le Président de la République à faire sauter le verrou de la Constitution limitant le mandat présidentiel à deux, à se dédire, donc, et à parjurer : ils craignent un sort funeste, après le départ de leur maître. Côté opposition, d’autres s’obstinent à douter de la parole d’Ould Abdel Aziz, quand d’autres craignent le voir sortir par une porte et revenir par une autre. L’UNAD a ainsi déclaré, récemment, que le Président cherche un troisième mandat par « substitution ». Tout en continuant à dérouler ses manifestations, dans les quartiers populaires de Nouakchott, l’opposition semble maintenant se préoccuper de savoir sur quel dauphin Ould Abdel Aziz misera.
Nombre d’options en ce sens sont annoncées par la presse. Parmi les plus cités, le chef d’état-major des armées, Ould Ghazwani, semble en pole-position. Cet alter-ego de l’actuel Président troquerait sa vareuse avec le costume civil et pourrait être mis sur orbite, non seulement, par Ould Abel Aziz mais, aussi, par tous les corps d’armée et de sécurité. L’homme rassurerait, dit-on, autant le Président sortant et la Grande Muette que la plupart des chancelleries occidentales installées à Nouakchott. Mais rien n’est encore sûr. Les grandes manœuvres ne font que commencer.
DL/le calame