Pendant cette période dite de penitence, quasiment tous les agendas prennent la couleur du ramadan. A Dakar, la capitale sénégalaise, musulmans et non-musulmans ont des réactions mitigées face cette donne.
Déjà que tous les horaires sont modifiés, le ramadan redéfinit pour une période de 30 jours au plus les calendriers des citoyens.
Des gérants boîtes d’événementiel se frottent les mains au détriment des automobilistes, les chauffeurs de taxi notamment.
« Pour me rendre de la Patte d’oie à Pikine Tali bou Mak, j’ai dû utiliser trois croisements différents la raison partout sont érigées des tentes, des chapiteaux abritant des conférenciers alors que nous venons à peine de commencer le jeûne, mais je plains les autorités municipales qui délivrent des autorisations à ces Dahiras », fulmine Babacar Mangane un chauffeur de taxi.
Les non-musulmans quant à eux se plaignent de la fermeture des gargots, leur mécontentement ne trouve néanmoins aucun échos dans les médias, disent-ils.
« Le Sénégal est un pays à plus de 95 pour cent de musulmans mais les bars ne désemplissent pas en ce moment, pourquoi les restaurants devraient-ils fermer, n’est-ce pas que la foi est une affaire privée », se plaint Hervé.
La même question soumise à un talibé portant en bandoulière en pendentif à l’effigie de son marabout, il tranche : « Les bars sont ouverts et sont pleins de gens, pourquoi ne modifient-ils pas leur menu pour proposer des repas à leurs clients à la place des liquides enivrants ? », rétorque Pape Massamba, l’air indifférent.
« Il faut débattre des vrais problèmes, c’est-à-dire pourquoi occuper la voie publique pour des soi-disant conférences islamiques alors qu’elles sont tarifées, je suis un pur talibé Cheikh mais je cautionne pas ce ramadan business, ceci va à l’encontre des recommandations de Serigne Babacar Sy, le folklorique ne devrait prendre le dessus sur la bonne profession de foi…», ajoute-t-il.
Le Sénégal est à forte prédominance musulmane pratiquante. Malgré l’existence d’une large pléiade de confréries religieuses toutes sunnites, la bonne cohabitation avec les autres sénégalais non-musulmans les catholiques notamment fait de ce pays un modèle d’intégration réussie