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Mauritanie/Insécurité: Vers un durcissement de la protection pénale des mineurs récidivistes

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Mauritanie/Insécurité: Vers un durcissement de la protection pénale

Un diagnostic approfondi des causes de l’insécurité grandissante, qui avait régné en Mauritanie et plus particulièrement à Nouakchott et à Nouadhibou au cours de mai et juin dernier, a mis en exergue un phénomène récurrent.

Il s’agit de la prépondérance des mineurs dans les divers types de crimes commis et surtout des adolescents récidivistes, lesquels élargis après un temps d’incarcération ou après avoir purgé leur peine, ont tendance à replonger dans la délinquance et se passionner pour des délits plus graves et intolérables, parfois, pour retourner en prison, où paradoxalement, il ferait mieux vivre.

C’est pour remédier à ce phénomène que représente l’existence d’une source inépuisable et multiplicatrice des vecteurs de la criminalité dans les milieux des mineurs, que le Conseil des ministres tenu le mercredi 7 juillet courant, a examiné et approuvé un projet de loi visant à renforcer la lutte contre la récidive des mineurs.

Il s’agit plus précisément de la modification de certaines dispositions de l’Ordonnance n°2005-015 en date du 5 Décembre 2005, relative à la Protection Pénale de l’Enfant.

« Le présent projet de loi vise à renforcer la lutte contre la récidive des mineurs, conformément aux engagements du Président de la République en matière de sécurité des personnes et des biens à laquelle les récidivistes portent une atteinte particulièrement intolérable », indique le communiqué du Conseil ministériel.

« A cet effet, il durcit la pratique judiciaire à l’encontre des récidivistes et définit les conditions dans lesquelles les juges peuvent décider de ne pas faire bénéficier les mineurs de plus de seize ans de l’atténuation de la responsabilité pénale notamment à l’encontre des auteurs d’infractions sexuelles contre les mineurs », poursuit le communiqué.

Le Porte-parole du gouvernement et le ministre de la justice devront sans doute abonder dans les heures qui viennent sur la nature des modifications qui seront apportées à cette loi, à l’occasion des commentaires faits par des membres du gouvernement des résultats du conclave ministériel ordinaire.

Faut-il supposer ici, que contrairement à de nombreux textes juridiques, ces changements qui seront apportées à la protection pénale de l’enfant, ne rencontreront aucune objection de la part des parlementaires.

C’est d’autant plus vrai, si l’on sait que certains députés, avaient manifesté ces derniers mois aux côtés du public contre la recrudescence de l’insécurité impliquant majoritairement des mineurs récidivistes ayant séjourné à plusieurs reprises dans les maisons d’arrêt avant d’être relâchés dans des conditions opaques et de commettre de nouveau des délits plus graves que les précédents, qualifiés dans ledit communiqué ministériel d’intolérables.

Certaines voix ont même exigé la loi de talion à l’endroit de ces mineurs auteurs de meurtres, suscitant le grand embarras de l’Etat face au dilemme de défense des droits de l’homme confrontée aux excès même de l’humain en l’absence de cadre légal dissuasif permanent d’endiguer le fléau.

Faut-il souligner enfin, que l’Etat semble avoir privilégié de prime abord, dans le cadre des modifications apportées à cette ordonnance relative à la Protection Pénale de l’Enfant, le répressif à l’éducatif, contraint en cela par les failles du système pédagogique encore pris en otage par le lourd héritage de décennies marquées par des générations sans enseignement.