Accueil MAURITANIE ORAISON FUNÈBRE DE Hamidou Baba Kane. Par Ciré KANE

ORAISON FUNÈBRE DE Hamidou Baba Kane. Par Ciré KANE

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ORAISON FUNÈBRE DE Hamidou Baba Kane. Par Ciré KANE

Kaaw est jeune
HBK est le petit-frère chéri de ma maman. C’est mon héros. Je l’ai vu fort et smashant avec vitesse et puissance des balles de ping-pong dans un stade olympique flambant neuf. Il me plaisait de jouer au ramasseur de balles pour qu’il finisse de démolir les maigres espoirs de sa victime du jour. Ça devait être en 1983 peut-être. Cette vitalité et cette force de l’esprit ne l’ont jamais quitté.

Kaaw a du charisme
C’est au début des années 1970 que j’ai réalisé que kaaw hamdu était convaincant. Je devais avoir 6 ans. Il devait étudier à Saint Louis et était venu passer quelques jours de vacances avec nous à Pendaaw. Une personne était particulièrement agressive avec ma grand-mère. Après un round d’observation, kaaw s’est levé, a sommé la personne de ne plus importuner sa mère, qui était sacrée pour lui et, à notre grande surprise, le calme est revenu durant tout son séjour. Pourtant presque tout le village avait essayé avant lui. Comment avait-il fait pour trouver les mots justes alors qu’il avait à peine 20 ans? C’est resté un mystère pour ma grand-mère, Fodum et moi.

C’est la seule fois où j’ai vu kaaw hausser le ton et rétablir l’ordre avec fermeté. Je me rappelle encore de son pull-over rouge, ses jeans patte d’éléphant, sa tignasse de yéyé et ce sourire d’ange qui habille son visage.

Kaaw est courageux
C’était en pleine guerre du Sahara et des rumeurs disaient que le polisario allait attaquer Nouakchott. Malgré l’alerte, Kaaw est allé tranquillement avec ses amis au cinéma. Pour moi, c’était un vrai guerrier. Il saura toujours me défendre mon héros. Pour moi qui rêvais d’être soldat, j’avais trouvé mon capitaine.

On habitait en face de l’ambassade du Pakistan. Notre maison aux longs arbres khottou boutel a été rasée. C’est l’actuel terrain nu en face de la Boulangerie Prince.

Entre temps j’étais retourné définitivement au village pour faire l’école buissonnière, me baigner, faire le potier et attraper un oiseau malade qui allait influer sur ma vie. Je suis tombé gravement malade, ai contaminé ma grand-mère et on a été évacués à Nouakchott.

Hbk le guide
Après notre guérison je devais retourner au village avec ma grand-mère et j’aurais été un bon pendaaw naajo, mes oncles se sont vite rendu compte que je menais la belle vie avec Dikka Dooro. Et c’est Hbk qui m’a inscrit à l’école II du ksar avant de s’envoler faire ses études en France.

C’est l’image de kaaw hamdu me tenant le bras le jour de la rentrée 1976 qui m’est revenu en premier quand ma sœur Tislim m’a appris que mon héros n’a pas eu peur de l’heure de la vérité.

Parce qu’il était véridique !
Mon grand-père m’a raconté comment il savait tout de suite que Hbk avait raison. Petit, quand l’injustice le frappait, il perdait la parole et pleurait à chaudes larmes. Ce qu’on est adulte couvait en nous depuis l’enfance.

J’ai tellement de souvenirs sur mon kaaw. C’est plus pour ses enfants que j’ai écrit ces lignes, en omettant volontairement l’homme politique que tout le monde connaît. Il a été, comme mon oncle Siree, mon papa et ma maman à la fois.

Ah oui ! C’est un homme très joyeux. Petit, je l’entendais chanter ” oh mamy…oh mamy..oh mamy…oh mamie blue”, de Nicoletta

Les morts ne sont pas morts, ils balisent le chemin pour les vivants. Kaaw Hamdu sera toujours vivant ! Voilà pourquoi je n’ai pas réussi à le pleurer, il ne m’a pas quitté
Yoo toon won fooftorde makko ( qu’il repose en paix dans l’autre monde)

Ris Orangis le 30 décembre 2021
Siree Aamadu Kan (Sammba Ndeet)